March 14, 2022

Le 24 février 2022, le peuple Ukrainien ainsi que le monde se réveille sous le choc d’une invasion massive, non nécessaire et non provoquée de l’Ukraine par l’armée Russe.

Le compte à rebours de la chute du gouvernement Ukrainien commença. Tout le monde ou presque, Vladimir Poutine en premier, voyait la chute de l’Ukraine en 48 heures.

Après deux semaines de résistance emblématique du peuple Ukrainien et de son armée, la Russie se retrouve coincée et perdue dans une guerre dont aucune issue n’évitera l’humiliation du siècle à Vladimir Poutine. Comment en est-on arrivé là ? Ce qui suit est l’autopsie d’une défaite amère de la seconde puissance militaire du monde, sur le papier.

Guerre de l’information au service de la géostratégie

Depuis plus d’une décennie, la Russie est restée constante sur un objectif : prouver qu’elle est une puissance avec qui les occidentaux devraient compter, surtout lorsqu’il s’agit des dossiers des pays de l’ancien URSS.  Pour y arriver, elle a pris le chemin le plus facile qui consiste à investir dans des propagandes immenses tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Cette guerre inédite de l’information avait deux objectifs : à travers des campagnes de propagande sur les supposées avancées de l’armée russe, montrer que l’ancienne puissance de l’époque URSS est redevenue réalité d’une part, et d’autre part, à l’aide d’une machine de désinformation et d’intoxication bien huilée, utiliser la liberté d’expression dont se vantent les occidentaux pour les diviser et fragiliser.

C’est ainsi que le monde a été inondé des vidéos telles des extraits des films d’actions montrant l’arsenal militaire de la Russie, sa force de dissuasion et sa capacité à damer les pions aux Américains et à l’OTAN à travers les provocations irresponsables et non professionnelles. Les incursions répétitives dans les espaces aériens des pays ci-haut, des harcèlements sans cesse des bateaux de guerre américains ainsi que les bras de fer en Syrie en sont quelques illustrations.

Même Vladimir Poutine, lors d’une interview réalisée en 2018 par l’acteur américain Oliver Stone, avait montré à ce dernier une image dans son téléphone supposée illustrer des frappes de missiles avec précision de son armée sur les rebelles syriens. Le problème c’est que ces frappes avaient en réalité été réalisées par l’hélicoptère américain Apache US AH-64 en 2013 et plutôt en Afghanistan (voir la vidéo ici : https://www.youtube.com/watch?v=-ZGx9XtPUrw). La même année, lors d’une présentation au style hollywoodien, Poutine a dévoilé au monde ce que la Russie se préparait à ajouter dans son arsenal de combat vers fin 2022, un missile hypersonique intercontinental RS-28 Sarmat, baptisé SATAN 2, qui selon Moscou, pourrait détruire un territoire comme la France ou le Texas.

Bref, tout était mis en œuvre pour faire croire au monde entier que l’Armée russe était désormais moderne, disciplinée et puissante capable de rivaliser l’hyper puissance américaine. Ses interventions en Syrie et sa prise de la Crimée en 2014 ont été brandies comme des preuves de la gloire retrouvée de l’armée reformée de l’ancienne URSS et le symbole d’un contre poids dans l’ordre mondial. Je rappelle que l’annexion de la Crimée s’est faite il y a 8 ans sans un seul coup de feu, sans effusion de sang car l’armée ukrainienne, terrifiée et impuissante s’était rendue. C’est donc fort de tout ceci que Vladimir Poutine décide d’envahir l’Ukraine le 24 février 2022 afin, dit-il, de libérer le peuple ukrainien du nazisme et de désarmer les « nazis » dans ce qu’il a appelé une opération militaire spéciale.

Une Armée russe extrêmement faible fasse à une résistance emblématique de l’armée ukrainienne

Avant l’invasion de l’Ukraine, Poutine décide quelques jours plus tôt de reconnaitre l’Independence des régions séparatistes du Donbass dont seules 1/3 seulement étaient contrôlées par les rebelles pro-russes. L’invasion donc avait deux objectifs : conquérir la totalité des régions séparatistes et renverser le gouvernement en éliminant ou en capturant les autorités de Kiev afin de mettre les pro-russes au pouvoir. Ceci en deux jours maximum car personne n’imaginait l’armée ukrainienne leur opposer une sérieuse résistance. Près de 3 semaines après, aucun objectif n’est atteint. L’espace aérien ukrainien est toujours contesté, les chars et hélicoptères russes sont cueillis comme des mangues.

Ce que nous observons, c’est une armée russe désorientée et désorganisée, mal équipée (avec en majorité des vieux équipements de l’ancienne URSS) et non professionnelle. Une armée avec les militaires mal formés, non motivés et mal équipés et qui sont souvent obligés d’aller casser des magasins pour se nourrir.

Comment comprendre qu’une armée qui se dit puissante soit incapable de mener de manière synchronisée une campagne militaire d’envergure ? On est stupéfait de se rendre compte que des détachements de militaires se perdent, des chars manquent de carburant, des convois de près de 60 km qui sont immobilisés, au vu et au su de tous (vrai scandale car tout militaire américain sait, dès la formation de base, comment se comporter lors d’un convoi). En deux semaines, environ 16 000 soldats russes, y compris 3 généraux, y ont perdu la vie, soit de loin plus de ce que l’Amérique en perdu en Irak et en Afghanistan depuis 2001. La liste noire des déboires russes est vraiment longue. Désespéré et conscient de son échec cuisant, la seule chose que Poutine cherche maintenant c’est comment sortir de l’Ukraine de la manière la moins humiliante possible. Quel que soit la durée de cette guerre et le nombre ou la qualité des villes capturées, la Russie a déjà perdu cette guerre et ne cherche plus qu’une petite porte de sortie.